ÉPRISE DE JUSTICE

À 16 ans, j’ai témoigné aux assises dans un procès qui a bouleversé ma vie.

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Par Nina Boutléroff
13 avr. · 6 mn à lire
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Le témoin peut-il devenir victime ?

Sans me poser de questions, j’ai assisté à ma première audience pour meurtre.

De retour aux assises, je fonce à l’accueil machinalement.

On m’y indique la salle Voltaire, au fond du couloir à droite. « Ah oui, merci je vois. Que s’y passe-t-il ? ».

« Assassinat ».

Pas le temps d’envoyer le signal de peur à mon corps, mes jambes se mettent en mode pilote automatique et foncent vers le fond de la galerie. Une petite voix au loin chuchote : « suis-je vraiment prête ? ».

La salle est comble et côté cour, la présidente est entourée de deux magistrates et de six autres personnes qui ne portent pas de robe. Là où d’habitude, trônent des juges, trois hommes et trois femmes sont installé.e.s en tenue de civil.e.s. Aux extrémités de la cour se trouvent la greffière à droite et la procureure, à gauche, parée d’une robe rouge à col d’hermine.

C’est la première audience avec des jurés à laquelle j’assiste.

Dans le box des accusé.e.s, les femmes aussi sont en majorité. Deux jeunes femmes sont assises, entre elles, un homme, qui semble plus âgé. Celle qui se trouve le plus près de la cour a l’air très jeune. Elle porte une queue-de-cheval haute et sévère de laquelle s’échappent deux mèches fines et grasses qui encadrent son visage marqué par de grands yeux inquiets et un menton à fossette. J’apprendrai au cours de l’audience qu’elle s’appelle Sabrina et qu’elle n’a qu’un an de moins que moi.

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